martes, 26 de abril de 2016

Pulcherie


‘’Pulchérie’’
(1672)

Comédie héroïque en cinq actes

L'empereur Théodose étant mort, Pulchérie, qui est destinée à monter sur le trône, veut pour époux Léon, un jeune Romain qu'elle aime et dont elle est aimée. Le sénat se garde d'approuver un tel projet, car il juge Léon incapable de remplir les devoirs qui lui incomberaient. Toutefois Martian, un vieux ministre de la Cour qui aime la princesse, mais que son âge oblige à dissimuler ses sentiments, se montre favorable au choix de la future impératrice. Le sénat investit la souveraine de ses nouvelles fonctions et la met en demeure de donner au peuple romain un empereur qui soit digne de lui. « Je suis impératrice et j'étais Pulchérie », dit la princesse, résolue à sacrifier son amour pour Léon ; elle offre l'empire au noble et généreux Martian. Léon épouse la propre fille de Martian, qui était éprise de lui, et il est élevé au rang de Premier ministre.

Commentaire


Dans la Préface de ‘’Pulchérie’’ son avant-dernière pièce, Corneille écrivit que, bien qu'elle ait été jouée par des acteurs peu estimés (elle n'avait été acceptée ni par l'Hôtel de Bourgogne ni par Molière et fut créée à Paris en 1672 sur la scène du théâtre du Marais), «bien que ses caractères soient contre le goût du temps, elle n'a pas laissé de peupler le désert, de mettre en crédit des acteurs dont on ne connaissait pas le mérite, et de faire voir qu'on n'a pas toujours besoin de s'assujettir aux entêtements du siècle pour se faire écouter sur la scène». La stratégie antiracinienne ne pouvait être plus clairement affirmée. En choisissant un sujet dans lequel l'héroïne était une impératrice passée à la postérité pour une sagesse et une dévotion dont sa virginité était devenue le symbole, dans lequel les tendresses du cœur sont étouffées par les nécessités d'un amour tout politique et platonique, dans lequel enfin le seul véritable frémissement amoureux (et contenu) est celui que ressent un vieillard, Corneille savait qu'il s'adressait au public de la vieille génération, à même d'être ému par des amours sages et politiques. Un public réduit, qui pouvait faire un succès, mais n'assurait plus de triomphe, à la différence de la masse de ceux qui couraient pleurer au spectacle des passions fatales des héros raciniens. N'en doutons pas : comme beaucoup d'autres pièces de Corneille, ‘’Pulchérie’’ a été conçue comme un défi et une gageure. Mais pour un homme qui avait déjà exploré toutes les voies offertes à son sens de l'innovation, la marge était bien étroite. À la considérer ainsi comme un cas limite, la pièce peut être considérée comme une réussite en son genre.

La place royale




“La Place royale ou L’amoureux extravagant ”
(1634)

Comédie en cinq actes et en vers

Alidor aime Angélique et celle-ci le paie de retour, au grand regret de Phylis qui voudrait lui faire épouser son frère Doraste. Mais Alidor avoue à son ami, Cléandre, qu'il est effrayé à la pensée de se lier pour la vie. En vue d'éviter le mariage, il imagine de lui céder Angélique ; il s'arrange donc pour faire croire à sa fiancée qu'il lui est infidèle, la pousse à bout par ses impertinences, se fait volontairement congédier. Mais là-dessus il apprend que, grâce à Phylis, c'est Doraste qui est en passe de profiter de la situation pour épouser Angélique ! Ce n'est pas là son fait : il entend que les choses se passent comme il l'avait décidé et qu'elle épouse Cléandre. Il dresse donc de nouvelles batteries, va trouver Angélique et se montre cette fois si persuasif et si charmeur qu 'elle lui accorde, sans trop de peine, un rendez-vous pour minuit. à l'issue du bal que donnera chez elle Doraste. Il compte ainsi l'enlever, mais au profit de Cléandre. Quand elle paraît au rendez-vous nocturne. il lui remet une promesse de mariage qu'elle va déposer dans sa chambre pour rassurer ses parents. avant de revenir pour suivre le ravisseur. Mais. dans l'intervalle, Phylis, inquiète de son amie, sort aussi sur la place et c'est elle que Cléandre, impatient et trompé par l'obscurité, enlève ! Au dénouement, ils acceptent tous deux de profiter de la rencontre et s'épousent. Cependant, la pauvre Angélique découvre que la promesse de mariage était signée de Cléandre et qu'elle a été jouée par Alidor, qui l'aime encore et voudrait le lui dire ; elle le chasse avec horreur et va s'enfermer dans un couvent, tandis qu'Alidor s'applaudit plus que jamais de ne la céder à personne et de rester libre.

Commentaire

Cette pièce, la sixième du théâtre de Corneille, créée au théâtre du Marais entre août 1633 et mars 1634, se plaçait au terme du cycle de ses comédies de jeunesse et précédait ses débuts dans le genre tragique. L'intrigue est la plus éloignée des schémas pastoraux sur lesquels étaient construites les quatre premières comédies. Si elle  constitue cependant une nouvelle variation sur le thème de l'éblouissement amoureux des bergers, elle se clôt sur un étonnant refus du bonheur pastoral.
Cette comédie renferme trois personnages originaux.
D'abord Phylis, enjouée, frivole, qui se plaît à traîner après elle de nombreux adorateurs et à les rendre jaloux l'un de l'autre, quitte à épouser joyeusement celui que le hasard des événements aura conduit jusqu'au mariage.
En face d'elle, Angélique est au contraire une pathétique figure d'amoureuse : en dehors d'Alidor, rien n'existe pour elle. Aussi la trahison de ce dernier la laisse-t-elle désemparée ; si elle consent à se promettre à Doraste, c'est surtout grâce à l'habileté de Phylis qui sait à l'instant profiter de son désespoir; mais à peine Alidor reparaît-il qu'elle se rend à ses belles paroles et consent à l'enlèvement. Sa nouvelle tromperie est pour elle le dernier coup : elle sent qu'il est indigne d'elle, mais elle se voit elle-même indigne de Doraste qu'elle a trahi : le cloître sera son refuge.
Le personnage le plus singulier est celui d'Alidor : «amoureux» puisqu'il aime sincèrement Angélique, «extravagant» puisqu'il veut se dégager de cet amour partagé, afin de sauvegarder un bien qui lui semble plus précieux encore : son indépendance morale. Il accepterait d'aimer si cet amour était le fruit d'un libre choix. Angélique étant «trop belle», il se voît «dominé» par elle, esclavage qu'il juge déshonorant. C'est pourquoi il s'en détache, avec trop de brutalité d'ailleurs. Mais c'est l'indice de ses tourments, de la situation fausse dans laquelle il se trouve. Car, à peine séparé de sa maîtresse, il lui revient : il entend encore la dominer, ne la céder qu'à un rival de son choix. C'est pour ce rival, pense-t-il, qu'il la reconquiert : est-ce absolument sûr? Du moins son cœur bat-il bien fort au moment de cette reconquête... Au dernier instant n'a-t-il pas encore vers elle un grand élan de tendresse passionnée? C'est le dernier feu : puisque Angélique est à Dieu, et à Dieu seul, il peut se raffermir une fois de plus à la pensée de son triomphe : il est libre, il a fait ce qu'il a voulu... Cet amoureux extravagant, chez qui les déchirures du cœur se font plus profondes du fait de sa malheureuse volonté, est le premier héros volontaire du théâtre cornélien.
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Distingué par Richelieu, Corneille reçut une pension et entra dans «la société des cinq auteurs» qui, pour illustrer la scène française, travaillaient sous les ordres du cardinal qui proposait les sujets. Ainsi, il participa à l’écriture de “La comédie des Tuileries”. Il publia alors sa première tragédie 



“La suivante”
(1633)

Comédie en cinq actes et en vers

Théante, l'ami d'Amarante. une suivante, aspire à l'amour de la maîtresse de celle-ci, Daphnis. Aussi, à la fois pour se débarrasser de la donzelle et pour occuper un éventuel rival, tente-t-il de rapprocher Florame et Amarante. Mais, si Florame assiège fort galamment la suivante, il n'en perd pas pour autant de vue Daphnis qui, depuis qu'il fréquente Amarante, lui est devenue plus accessible. Les joutes amoureuses qui se succèdent entre Amarante et ses deux feints courtisans, Florame et Théante, se compliquent encore de la passion sénile qu'éprouve Géraste, père de Daphnis, pour la sœur de Florame. Cette passion devient l'objet d'un marchandage, qui n'intervient pas peu dans la victoire de Florame, encore que Daphnis n'ait jamais aimé que lui. Tout s'arrange le mieux du monde, sauf pour la malheureuse suivante, abandonnée de tous ses galants, et qui soupire dans le monologue qui conclut la pièce :       
                   «Mon cœur n'a point d'espoir dont je ne sois séduite.
                   Si je prends quelque peine, un autre en a les fruits ;
                   Et, dans le triste état où le ciel m'a réduite,
                   Je ne sens que douleurs, et ne prévois qu'ennuis.»

Commentaire

Corneille, qui avait innové dans ‘’La galerie du palais’’ en remplaçant le traditionnel personnage de la nourrice par celui, nouveau au théâtre, de la suivante, alla jusqu'au bout de son innovation en faisant de la suivante le principal personnage de sa nouvelle pièce. Pour bien comprendre l'enjeu de la comédie, il faut savoir qu'une suivante n'est pas une servante : si elle peut entretenir des galanteries avec les héros de la pièce, c'est qu'elle est aussi bien née qu'eux, et en outre belle et intelligente ; seulement elle est pauvre, ce qui explique qu'elle soit au service de Daphnis et qu'elle ne soit qu'un jouet, malgré ses propres manœuvres, entre les mains des galants qui ne s'intéressent qu'à sa maîtresse. Par là, cette comédie cruelle démonte sans complaisance les mécanismes de la riche société du XVIIe siècle, dont les seuls moteurs semblent avoir été l'ambition et l'amour-propre, eux-mêmes déterminés par l'argent. Nous sommes loin du paradis pastoral urbanisé sur lequel s'ouvrait la série des comédies et auquel renvoyait encore la comédie précédente : la pièce se termine certes par l'annonce de deux mariages, mais l'un des deux est celui d'un vieillard avec une jeune fille, résultat d'un marchandage qui permet d'unir le couple central, Florame et Daphnis, mais qui, comme le prophétise la malheureuse Amarante à la fin, rendra certainement malheureux et le vieillard et la jeune fille. En même temps, Corneille s'est abstenu d'unir Théante et Amarante, comme on aurait pu l'attendre non seulement d'une pastorale, mais de n'importe quelle comédie : Théante, quoique Amarante ne lui déplaise pas, préfère s'exiler plutôt que de se retrouver dans une situation sociale moins éclatante que celle de son ami Florame ; s'il épouse quelqu'un désormais, ce ne peut être que pour accéder à un rang qui le placera au-dessus de Florame. Avec cette comédie amère, où, pour la première fois, il se conformait rigoureusement à la règle de l'unité de temps, Corneille poussa le réalisme social à un degré qui ne fut plus jamais atteint par les dramaturges de sa génération.

La pièce fut jouée durant la saison théâtrale 1633-1634, étant la quatrième de la série des comédies galantes qui ont ouvert la carrière de Corneille. 

La galerie du palais



La galerie du palais ou L’amie rivale ”
(1632)

Comédie en cinq actes et en vers

À Paris, la volage Célidée se sépare de Lysandre, tout à la fois fatiguée par sa constance et désireuse d'éprouver son amour pour la reconquérir. Il décide de feindre d'aimer Hippolyte, voisine de Célidée, dont son ami Dorimant vient de tomber amoureux. De là une série de malentendus et de peines de cœur : Hippolyte, amoureuse de Lysandre, se laisse prendre au jeu avant d'être repoussée ; Célidée, désespérée d'avoir poussé son amant dans les bras d'une autre, n'obtient même pas d'être consolée par Dorimant ; et les deux garçons en viennent au duel, interrompu in extremis par Célidée, qui venait d'être informée de la feinte de son amant.

Commentaire

Avec cette troisième comédie, Corneille confirma sa volonté d'établir solidement dans le paysage théâtral de l'époque, dominé par le genre de la tragi-comédie, un nouveau type de comédie, qui tournait le dos à la traditionnelle comédie d'intrigue à l'italienne en empruntant à la pastorale son schéma de relations entre les jeunes amoureux, donnant ainsi la première place aux dialogues amoureux, aux trahisons du cœur et aux émotions sentimentales. Dans ces comédies, expliqua-t-il en 1660, «j'ai presque toujours établi deux amants en bonne intelligence, je les ai brouillés ensemble par quelque fourbe, et les ai réunis par l'éclaircissement de cette même fourbe qui les séparait.»
La variation qu'apporta ‘’La galerie du palais’’ par rapport à ‘’Mélite’’ tenait au fait que ce n'est pas une fourbe qui sépare les amants. Subtilité des complications amoureuses, émois du cœur, délicatesse de l'expression, c’est sans doute la plus jolie des quatre comédies qui précèdent ‘’La Place royale’’. Elle possède en outre une importance historique considérable, comme l'indique son titre : Corneille, soucieux de mettre les jeux amoureux de la pastorale à l'épreuve de la vie urbaine, et donc de se détacher et du cadre et du langage conventionnels du genre pastoral, a voulu souligner le caractère «réaliste» de cette nouvelle forme de comédie qu'il était en train d'inventer. Il alla donc plus loin que dans ‘’Mélite’’ et ‘’La veuve’’, où cette quête de réalisme n'était sensible que dans le style de la conversation et dans le vocabulaire, en enracinant sa comédie dans Paris. Ainsi l'action ne se déroule plus dans un carrefour abstrait : l'essentiel est situé précisément dans le quartier du Marais, et plusieurs scènes se déroulent dans la galerie du Palais de justice, qui abritait toutes sortes de boutiques ; d'où l'apparition d'un libraire, d'un mercier et d'une lingère devant leurs étals, qui conversent avec les héros.
La pièce fut créée durant la saison théâtrale 1632-1633. Ce fut, des premières comédies de Corneille, celle qui eut le plus de succès.

Après une longue période d'oubli, qu'elle a partagé avec les autres comédies de Corneille, elle a retrouvé à la fin du XXe siècle des lecteurs et des spectateurs, émerveillés de découvrir un autre Corneille, non seulement inventeur d'une forme spécifiquement française de comédie, mais aussi styliste tout en simplicité et en délicatesse. 

La veuve



La veuve ou Le traître trahi”
(1631)

Comédie en cinq actes et en vers


Clarice, jeune veuve, riche et bien née, est courtisée par un amoureux peu fortuné, Philiste, dont la timidité est accrue par la différence de condition entre eux. Ils finissent par s'avouer leur amour réciproque au milieu du second acte, et il n'y aurait aucun obstacle matériel à leur mariage (une veuve est par définition libre et n'a personne à consulter pour se remarier) si un rival secret, Alcidon, qui feint d'aimer la sœur de Philiste, Doris, ne décidait d'empêcher ce mariage en enlevant Clarice, avec la complicité de la nourrice de celle-ci. Pour ce faire, Alcidon se fait aider par Célidan, amoureux de Doris, mais qui s'était effacé devant lui par amitié, en lui faisant croire que, devant le refus de Philiste de lui donner sa sœur, Doris, il faut enlever Clarice et l'échanger contre la main de Doris. Célidan tombe dans le piège, aide Alcidon à enlever Clarice et à la séquestrer dans son propre château. Mais à voir Alcidon décidé à épouser Clarice sous le prétexte de se venger de Philiste, et à lui céder sa place auprès de Doris, Célidan comprend qu'Alcidon a trahi tout le monde. Il le trompe à son tour, libère Clarice, et demande la main de Doris. La mére de celle-ci, dont les combinaisons matrimoniales intéressées avaient failli compromettre le bonheur de la jeune fille, ne s'oppose pas à cet amant riche, qui rendra sa «dernière vieillesse à jamais fortunée».

Clitandre


Clitandre ou l'Innocence délivrée ”
(1630)

Tragi-comédie en cinq actes et en vers

Aimées l'une de Clitandre, l'autre de Pymante, les princesses Caliste et Dorise sont toutes deux éprises de Rosidor. Celui-ci rend à Caliste son amour, au grand dépit de Dorise qui, pour perdre sa rivale, l'entraîne dans la forêt, où elle médite de lui donner la mort. Pymante cependant, qui hait Rosidor, a chargé les domestiques de Clitandre d'assassiner son trop heureux rival. Rosidor, poursuivi dans la forêt par Pymante déguisé et ses complices, trouve Dorise qui s'apprête à plonger une épée dans le sein de Caliste. Se saisissant de l'épée, il tue un de ses agresseurs et met Pymante en déroute ; puis, plein de rage contre Clitandre, qu'il croit l'auteur de l'agression, il rentre avec Caliste au palais. Dorise, de son côté, s'est enfuie et, n'osant retourner à la Cour, revêt les vêtements du mort ; déguisée, elle erre dans les bois où elle rencontre Pymante qui la reconnaît, et dont elle repousse les assauts en l'éborgnant. Cependant, soupçonné d'avoir voulu tuer Rosidor, Clitandre, que tout semble accuser, est condamné à mort. En accourant au secours de son favori, Clitandre, le prince, fils du roi, s'égare dans la forêt et sauve Dorise de la colère de Pymante. Dorise, s'étant fait reconnaître, lui dévoile la vérité ; et le prince, après avoir fait emprisonner Pymante, fait éclater l'innocence de Clitandre. Rosidor épousera Caliste, et Clitandre Dorise pardonnée.

Autres auvres de Corneille....

Horace acte 1-2-3


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lunes, 25 de abril de 2016

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Le menteur


EPITRE
Monsieur,
Je vous présente une pièce de théâtre d'une style aussi éloigné de ma dernière, qu'on aura de la peine à croire qu'elles soient parties toutes deux de la même main, dans le même hiver. Aussi les raisons qui m'ont obligé à y travailler , ont été bine différentes. J'ai fait Pompée pour satisfaire à ceux qui ne trouvaient pas les vers de Polyeucte si puissants que ceux de Cinna et leur montrer que j'en serais bien retrouver la pompe, quand le sujet le pourrait souffrir ; j'ai fait le Menteur pour contenter les souhaits de beaucoup d'autres, qui suivant l'humeur des français aiment le changement, et après tant de poème graves dont nos meilleurs plumes ont enrichi la scène, m'ont demandé quelque chose de plus enjoué qui ne servît qu'à les divertir. 
Dans le premier j'ai voulu faire un essai de ce que pouvait la majesté du raisonnement et la force des vers dénués de l'agrément du sujet ; dans celui-ci j'ai voulu tenter ce que pourrait l'agrément du sujet dénué de la force des vers. Et d'ailleurs étant obligé au genre comique de ma premières réputation, je ne pouvais l'abandonner tout à fait sans quelque espèce d'ingratitude. Il est vrai que comme alors que je me hasardai à le quitter, je n'osai me fier à mes seules forces, et que pour m'élever à la dignité du Tragique, j'ai pris l'appui du grand Sénèque, à qui j'empruntai tout ce qu'il avait donné de rare à sa Médée ; ainsi quand je me suis résolu de repasser du héroïque au naïf, je n'ai osé descendre de si haut sans m'assurer d'un guide, et je me suis laissé conduire au fameur LOPE de VEGA, de peur de m'égarer dans les détours de tant d'intrigues que fait notre Menteur.
 En un mot ce n'est ici qu'une copie d'un excellent original qu'il a mis au our sous le titre LA VERDAD SOSPECHOSA et me fiant sur note Horace qui donne liberté de tout oser aux poètes ainsi qu'aux peintres, j'ai cru qeu nonobstant la geurre des deux couronnes, il m'était permis de trafiquer en Espagne. Si cette sorte de commerce était un crime, il y a longtemps que je serais coupable, je ne dis pas seulement pour le Cid, où je me suis aidé de D. Guillen de Castro, mais aussi pour Médée dont je viens de parler, et pour Pompée même, où pensant me fortifier du secours de deux latins, j'ai pris celui de deux espagnols, Sénèque et Lucain, étant tous deux de Cordoue. Ceux qui ne voudront pas me pardonner cette intelligence avec nos ennemis, approuveront du moins que je pille chez eux, et soit qu'on fasse passer ceci pour un larcin, ou pour un emprunt, je m'en suis trouvé si bien, que je n'ai pas envie que ce soit le dernier que je feraus chez eux. Je crois que vous en serez d'avis et ne m'en estimerez pas moins. Je suis,
Monsieur,

Votre très humble serviteur, CORNEILLE.

video...Illusion comique



TITE ET BÉRÉNICE ...





Tite et Bérénice


L’empereur Tite aime Bérénice. Mais il a promis à son père, Vespasien, d’épouser Domitie. Celle-ci est très ambitieuse et, malgré l’amour partagé de Domitian, frère de Tite, elle veut épouser l'empereur afin de parvenir au pouvoir. Désespéré, Domitian cherche à rallumer la passion de son frère pour la juive Bérénice, qui est de retour à Rome après avoir été renvoyée une première fois en Orient. Tite hésite entre son amour et son devoir, mais quand Domitian le prie de lui laisser Domitie, il affermit sa décision, et déclare vouloir suivre le désir de son père. Tite conseille à Domitian d’aimer et d’épouser une autre femme : Bérénice même. Domitie, invitée à choisir entre Tite et Domitian, ne sait se décider. En présence de Bérénice, Tite est visiblement troublé. Domitie s’en aperçoit et exige que l’empereur s'explique : ce sera elle ou l’étrangère. L'empereur élude la question. Domitian demande la main de Bérénice pour provoquer la jalousie de Tite. Mais elle se refuse à la ruse qui répugnait aussi à Domitian. Du reste, l’empereur est déjà reconquis, et puisque Rome ne consentirait pas à ce qu’il épouse une reine, il semble prêt à abdiquer pour elle…

Surena extrait


Surena texte integral

Version du texte du 17/02/2016 à 21:28:46.


AU LECTEUR
Le Sujet de cette tragédie est tiré de Plutarque, et d'Appian Alexandrin. Ils disent tous deux que Suréna était le plus noble, le plus riche, le mieux fait, et le plus vaillant des Parthes. Avec ces qualités, il ne pouvait manquer d'être un des premiers hommes de son siècle, et si je ne m'abuse, la peinture que j'en ai faite ne l'a point rendu méconnaissable. Vous en jugerez.


ACTEURS
ORODE, roi des Parthes.
PACORUS, fils d'Orode.
SURÉNA, lieutenant d'Orode, et général de son armée contre Crassus.
SILLACE, autre lieutenant d'Orode.
EURYDICE, fille d'Artabase, roi d'Arménie.
PALMIS, soeur de Suréna.
ORMÈNE, dame d'honneur d'Eurydice.

La scène se passe à Séleucie, sur l'Euphrate.

Surena


Dernière tragédie de Corneille (1606-1684), Suréna (1674) ne connut pas le succès à son époque : on ne voulut pas l'entendre et l'on croyait l'auteur trop vieux et dépassé. Pourtant, cette tragédie, longtemps oubliée, passe depuis peu pour un chef-d'œuvre.

1.  Le conflit de l'amour et du pouvoir
La pièce commence à la veille du mariage d'Eurydice et de Pacorus. L'action se déroule dans le palais d'Orode, à Séleucie. Cette fois, les Romains sont du mauvais côté : leur république menace le royaume des Parthes, qui résiste grâce aux victoires remportées par Suréna, général valeureux, fidèle au roi Orode. De son côté, le roi des Parthes a vaincu l'Arménie voisine et a obtenu que son fils Pacorus, prince héritier, épouse Eurydice, la princesse d'Arménie, afin de lier les deux pays dans une résistance antiromaine. Or Eurydice aime Suréna et craint qu'Orode ne veuille marier Suréna à sa fille Mandane, qu'on attend. La sœur de Suréna, Palmis, convient de leur amour réciproque.

 Elle révèle aussi qu'elle aime Pacorus et qu'elle en était aimée jusqu'à ce qu'Eurydice vienne à Séleucie. Suréna, désespéré, veut mourir. Eurydice, qui ne peut lui survivre, lui demande d'épouser la femme qu'elle lui choisira, de vivre dans le chagrin, mais de ne pas attenter à ses jours. Pacorus, inquiet de la froideur d'Eurydice, apprend qu'elle aime ailleurs, mais ne peut savoir qui. Il interroge Palmis en feignant de l'aimer encore, en lui promettant de l'épouser si elle lui révèle le nom de l'amant d'Eurydice : nouvel échec. Orode analyse la situation amoureuse sous l'angle politique et, convaincu par son « mauvais conseiller » Sillace, craint que Suréna refuse sa fille et mette en danger son propre pouvoir : Suréna est trop aimé de ses sujets, trop héroïque et trop glorieux. Il faut donc que le général meure, ou qu'il devienne son gendre.

 Suréna, en effet, refuse Mandane sous le prétexte qu'une fille de roi doit épouser un roi. Tout en révélant à Orode qu'Eurydice « aime ailleurs », sans dire qui, il propos […]


Rodogune petit version au theatre


Rodogune PDF

Rodogune analyse


Plan de l’article
L’histoire
Les personnages


L’histoire
Cléopâtre, reine de Syrie, doit désigner lequel de ses deux fils, Antiochus ou Séleucus, est l’aîné afin de lui céder le trône. Celui qui montera sur le trône épousera Rodogune, princesse des Parthes. C’est cette décision qu’attendent les personnages à l’ouverture de la pièce.
Les deux princes aiment Rodogune décrite d’une beauté telle que les attraits du pouvoir son éclipsés auprès d’elle. De fait, chacun de leur côté, ils souhaitent laisser le trône à l’autre s’il lui laisse Rodogune. Les deux frères prennent conscience de leur désir commun et se résignent à accepter la décision de leur mère comme arbitre de leur fortune ou de leur peine. Ils se jurent néanmoins amitié, peu importe lequel des deux sera malheureux.
Cependant, tout ne va pas se passer pour le mieux. Cléopâtre aime trop le pouvoir pour souhaiter le céder, qui plus est à Rodogune par truchement du mariage qu’elle fera avec l’un des fils. En effet, la reine nourrit une haine sans nom à cette jeune princesse. Démétrius Nicanor, le premier époux de Cléopâtre, avait disparu en campagne. La reine avait fait son deuil quand il réapparaît soudainement en ayant fait ses vœux à Rodogune. Folle de jalousie, Cléopâtre tua Nicanor de ses propres mains. Pendant un certain temps elle a tenu Rodogune prisonnière mais elle est contrainte de la libérer et de l’unir à l’un de ses fils pour des raisons politiques.
Cléopâtre va tenter de jouer de sa haine en instrumentalisant ses fils. Elle promet le trône à celui qui tuera Rodogune pour elle. Mais elle ne sait pas que ses fils en sont amoureux. Aucun ne lèvera la main sur leur promise.
Rodogune formulera elle aussi une demande de mort à l’encontre de Cléopâtre mais elle n’a pas autant de poids au premier abord puisqu’elle la retire bien vite. La princesse accepte d’aimer Antiochus sans rendre le meurtre obligatoire.
Séleucus renonce à aimer ou même à régner. Cléopâtre nomme donc Antiochus pour lui succéder après que ce dernier l’eût suppliée de taire sa haine par amour de son fils. Elle affiche une envie de réconciliation et de paix mais on se rend très vite compte que la haine est d’autant plus furieuse en elle.
Cette mère se vengera en assassinant Séleucus de ses propres mains. Elle tentera ensuite d’empoisonner Antiochus et Rodogune à la noce. Mais le subterfuge est démasqué grâce à Timagène qui rapporte les dernières paroles de Séleucus qu’il a trouvé agonisant dans une allée. Antiochus se méfie d’abord de Rodogune et de sa mère car le dernier avertissement de son frère est obscur. Mais finalement il comprendra toute l’horreur du crime : c’est sa mère qui a tué son frère et qui a essayé de le tuer aussi pour se venger de Rodogune. Cléopâtre boira le poison qu’elle avait préparé et ira mourir hors-scène.
C’est le goût du pouvoir et la haine qui motivent la tragédie perpétrée par Cléopâtre. Corneille mêle les enjeux politiques aux enjeux personnels et familiaux dans cette pièce.
Les personnages
 Cléopâtre : Elle n’est pas la célèbre reine d’Egypte amante de César et de Marc Antoine selon la postérité. La Cléopâtre de Rodogune est un homonyme. Elle est reine de Syrie, veuve de Démétrius Nicanor. Elle règne et aime le pouvoir. C’est la mère de Séleucus et d’Antiochus. Elle hait Rodogune que Démétrius Nicanor a voulu prendre pour seconde femme après qu’elle l’eût cru mort.
 Séleucus : Fils de Démétrius Nicanor et de Cléopâtre. Il est amoureux de Rodogune.
 Antiochus : Fils de Démétrius Nicanor et de Cléopâtre. II sera désigné comme étant l’aîné et sera donc destiné à épouser Rodogune.
 Rodogune : Elle est la sœur de Phraates, roi des Parthes. C’est l’ennemie mortelle de Cléopâtre depuis que Démétrius Nicanor a voulu la prendre pour seconde femme.
 Timagène : Il est le gouverneur des deux princes.
 Oronte : C’est l’ambassadeur de Phraates.
 Laonice : C’est la sœur de Timagène et la confidente de Cléopâtre. Elle est secrètement l’alliée de Rodogune.



Rodogune


Rodogune de Pierre Corneille

Rodogune est une tragédie de Corneille qui met en scène une rupture familiale ayant pour cause le goût du pouvoir et la haine d’une mère. C’est une pièce sombre et violente. La violence est celle de Cléopâtre dans sa soif de vengeance. Violence qui se retournera vers ses propres enfants. D’une certaine manière, Cléopâtre me fait penser à Médée. La fureur et la cruauté de cette dernière approche le même degré de puissance.



miércoles, 30 de marzo de 2016

Polyeucte


Polyeucte est une tragédie à sujet religieux. Polyeucte s’est converti au christianisme, contre la volonté de son épouse, Pauline et de son beau-père, Félix, gouverneur romain. Une intrigue secondaire se développe avec le personnage de Sévère, favori de l’empereur, toujours amoureux de Pauline. Aussi espère-t-il que le martyre de Polyeucte éliminera l’époux rival



oeuvre complete----http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/corneille-pierre-polyeucte.html

le Menteur


ÉTUDE DES PERSONNAGES -------http://excerpts.numilog.com/books/9782806216649.pdf
lIVRE  EN PDF------http://www.theatre-classique.fr/pages/pdf/CORNEILLEP_MENTEUR.pdf

À propos du livre "Le Menteur"

Jouée pour la première fois en 1644 au théâtre du Marais, Le Menteur est une comédie baroque du dramaturge français Pierre Corneille (1606-1684). Si la pièce passe quelque peu inaperçue de nos jours, Le Menteur fut un immense succès lors de ses premières représentations.

Dans Le Menteur, Corneille reprend deux des thèmes présents dans sa célèbre pièce Le Cid (1637) : le mensonge et le libertinage. L'intrigue est centrée sur Dorante, un jeune homme qui vient tout juste d’abandonner ses études de droit. Tout commence alors qu'il rentre à Paris avec la ferme intention de profiter des plaisirs de la vie avant de s'engager dans l'armée. Le jeune homme rencontre ensuite deux jeunes filles : Clarice et Lucrèce. Il tombe vite sous le charme de Clarice. Pour la charmer, Dorante lui raconte son passé incroyable de guerrier en Allemagne. En réalité, tous ces exploits dont il se vante les mérites ne sont que des mensonges. Son valet, Cliton, n'a rien manqué de la scène et comprend alors que son maitre est très doué pour mentir. Ce n'est d'ailleurs que le premier mensonge d'une longue série. Le jeune homme finira-t-il par mesurer les conséquences de ses paroles ?

Corneille a écrit une suite au Menteur en 1645, intitulée simplement La Suite du Menteur. Par ailleurs, le comédien Jodelet (1586-1660) a été salué pour son interprétation réussie de Cliton.

Le Cid ; livre audio


Le Cid de Corneille : Résumé

Don Rodrigue et don Sanche, jeunes seigneurs de la cour de Fernand ou Ferdinand Ier, roi de Castille en 1033, sont épris tous deux de Dona Chimène, fille de D. Gomès, seigneur de la même cour. Rodrigue est préféré par Chimène ; D. Diègue, homme âgé et père de Rodrigue, doit demander à D. Gomès la main de sa fille pour son fils. Mais le jour même le roi vient de choisir D. Diègue pour gouverneur de l’infant de Castille. D. Gomès prétendait à ce poste. Il est jeune, dans la force de l’âge, plein d’ardeur ; tandis que son rival, accablé d’années, ne pouvait invoquer que des services passés. Il se laisse aller contre D. Diègue à quelques paroles de jalousie. Ce dernier cherche à le calmer, lui manifeste le désir d’unir leurs deux maisons, et lui demande pour Rodrigue la main de Chimène. D. Gomès refuse avec une modestie ironique, et revient sur la préférence que le roi a donnée à D. Diègue. Des paroles d’aigreur sont échangées, et D. Diègue en vient à dire à D. Gomès que s’il n’a pas été nommé gouverneur du prince, c’est qu’il n’était pas digne de ce haut emploi. À ce mot, D. Gomès ne peut contenir sa colère, et donne un soufflet à D. Diègue. Le vieillard outragé met les armes à la main pour venger son affront ; mais, accablé par l’âge, sa force le trahit, et il est désarmé. Alors il a recours à son fils, et lui demande de le venger. D. Rodrigue, bien qu’adorant Chimène, comprend que son amour doit être sacrifié à l’honneur de son père ; il n’hésite pas : il va provoquer D. Gomès, et le tue dans un combat singulier. Dès que Chimène apprend cette funeste nouvelle, elle renonce à son mariage pour ne plus songer qu’à obtenir justice contre Rodrigue. Elle vient la demander au roi, qui lui répond que sa demande sera délibérée en plein conseil.

Sur ces entrefaites, les Mores tentent de s’emparer de Séville, lieu où se passe la scène. Rodrigue marche à leur rencontre, les défait complètement, et sauve la ville. Le roi veut récompenser sa valeur, lorsque Chimène vient lui rappeler sa promesse, et réclamer vengeance de nouveau. Fernand hésite entre son devoir, qui est de punir le meurtrier de D. Gomès, et son penchant qui le porte à sauver Rodrigue. Alors Chimène exaltée promet d’épouser quiconque lui apportera la tête de Rodrigue tué en duel. Le roi saisit cette idée de Chimène, mais il autorise un seul combat, et y met la condition que, quelle qu’en soit l’issue, Chimène se tiendra pour satisfaite, et épousera le vainqueur.

D. Sanche, qui avait déjà offert à Chimène de venger la mort de son père, se présente : Chimène l’accepte pour son champion, et le combat a lieu hors de la présence du roi et de sa cour. Peu d’heures après, D. Sanche vient déposer son épée aux pieds de Chimène. Vaincu et désarmé par Rodrigue, son vainqueur lui a commandé cette démarche. À la vue de D. Sanche, Chimène le croit vainqueur ; doublement malheureuse par la perte de son père et de l’amant qu’elle préférait, elle éclate en sanglots, et sans laisser à D. Sanche le temps de parler, elle l’accable de reproches.

Alors le roi entre, suivi de toute sa cour, et bien certain, par les aveux mêmes de Chimène, qu’elle aime toujours Rodrigue, il lui apprend que son amant est vainqueur, la loue de sa piété filiale, lui représente qu’elle a fait tout ce que le devoir lui commandait, et l’engage à pardonner à Rodrigue et à l’accepter pour époux. Chimène représente qu’elle ne saurait le faire ; mais sa résistance est assez faible pour laisser voir qu’un jour, peu éloigné peut-être, elle en viendra à suivre le conseil du roi.

Appréciation littéraire et analytique

Le sujet de la pièce de Corneille est l’amour que Rodrigue et Chimène ont l’un pour l’autre, traversé par la querelle de don Diègue et du Comte, et par la mort de ce dernier, tué par le Cid. La situation violente de Chimène entre son amour et son devoir forme le nœud qui doit se trouver dans toute action dramatique ; et ce nœud est en lui-même un des plus beaux qu’on ait imaginés, indépendamment de la péripétie qui peut terminer la pièce. Cette péripétie, ou changement d’état, est la double victoire de Rodrigue, l’une sur les Maures, qui sauve l’État, et met son libérateur à l’abri de la punition ; l’autre sur don Sanche, laquelle, dans les règles de la chevalerie, doit satisfaire la vengeance de Chimène. Le sujet est irréprochable dans tous les principes de l’art, puisqu’il est conforme à la nature et aux mœurs. Il est de plus très intéressant, puisqu’il excite à la fois l’admiration et la pitié : l’admiration pour Rodrigue, qui ne balance pas à combattre le Comte dont il adore la fille ; l’admiration pour Chimène, qui poursuit la vengeance de son père en adorant celui qui l’a tué, et la pitié pour les deux amants, qui sacrifient l’intérêt de leur passion aux lois de l’honneur. Je dis l’intérêt de leur passion, et non pas leur passion même : car si Chimène cessait d’aimer Rodrigue parce qu’il a fait le devoir d’un fils en vengeant son père, la pièce ne ferait pas le moindre effet…

« Les reproches incontestables que l’on peut faire au Cid sont :
1° Le rôle de l’infante, qui a le double inconvénient d’être absolument inutile, et de venir se mêler mal à propos aux situations les plus intéressantes ;
2° L’imprudence du roi de Castille, qui ne prend aucune mesure pour prévenir la descente des Maures, quoiqu’il en soit instruit à temps, et qui par conséquent joue un rôle peu digne de la royauté ;
3° L’invraisemblance de la scène où don Sanche apporte son épée à Chimène, qui se persuade que Rodrigue est mort, et persiste dans une méprise beaucoup trop prolongée, et dont un seul mot pouvait la tirer. On voit que l’auteur s’est servi de ce moyen forcé pour amener le désespoir de Chimène jusqu’à l’aveu public de son amour pour Rodrigue, et affaiblir ainsi la résistance qu’elle oppose au Roi qui veut l’unir à son amant. Mais il ne paraît pas que ce ressort fût nécessaire, et la passion de Chimène était suffisamment connue ;
4° La violation fréquente de cette règle essentielle qui défend de laisser jamais la scène vide, et que les acteurs entrent et sortent sans se parler ou sans se voir ;
5° La monotonie qui se fait sentir dans toutes les scènes entre Chimène et Rodrigue, où ce dernier offre continuellement de mourir. J’ignore si, dans le plan de l’ouvrage, il était possible de faire autrement ; j’avouerai aussi que Corneille a mis beaucoup d’esprit et d’adresse à varier, autant qu’il le pouvait, par les détails, cette conformité de fond; mais enfin elle se fait sentir…

Voilà, ce me semble, les vrais défauts qu’on peut blâmer dans la Conduite du Cid : ils sont assez graves. Remarquons pourtant qu’il n’y en a pas un qui soit capital, c’est-à-dire qui fasse crouler l’ouvrage par les fondements, ou qui détruise l’intérêt ; car un rôle inutile peut être retranché, et nous en avons plus d’un exemple. Il est possible à toute force que le roi de Castille manque de prudence et de précaution, et que don Sanche, étourdi de l’emportement de Chimène, n’ose point l’interrompre pour la détromper : ce sont des invraisemblances, mais non pas des absurdités.

Concluons que dans le Cid le choix du sujet, que l’on a blâmé, est un des plus grands mérites du poète. C’est, à mon gré, le plus beau, le plus intéressant que Corneille ait traité. Qu’il l’ait pris à Guilain de Castro, peu importe : on ne saurait trop répéter que prendre ainsi aux étrangers ou aux anciens pour enrichir sa nation sera toujours un sujet de gloire, et non pas de reproche. Mais ce mérite du sujet est-il le seul ? J’ai parlé de la beauté des situations : il faut y joindre celle des caractères. Le sentiment de l’honneur et de l’héroïsme de la chevalerie respirent dans le vieux don Diègue et dans son fils, et ont dans chacun d’eux le caractère déterminé par la différence d’âge. Le rôle de Chimène, en général noble et pathétique, tombe de temps en temps dans la déclamation et le faux esprit, dont la contagion s’étendait encore jusqu’à Corneille, qui commençait le premier à en purger le théâtre ; mais il offre les plus beaux traits de passion qu’ait fournis à l’auteur la peinture de l’amour, à laquelle il semble que son génie se pliait difficilement. » La Harpe

Vers le milieu du XVIIIe siècle, les comédiens imaginèrent de supprimer le rôle de l’infante, et J.-B. Rousseau se fit l’exécuteur de cette sentence, que La Harpe confirme un peu légèrement ; voici, sur ce rôle, une opinion qui vaut bien la sienne et celle de J.-B. Rousseau : « Aujourd’hui, quand les comédiens représentent le Cid, ils commencent par la 3e scène. Il paraît qu’ils ont très grand tort ; car peut-on s’intéresser à la querelle du Comte et de don Diègue si on n’est pas instruit des amours de leurs enfants ? L’affront que Gormas fait à don Diègue est un coup de théâtre, quand on espère qu’ils vont conclure le mariage de Chimène avec Rodrigue. Ce n’est pas jouer le Cid, c’est insulter son auteur que de le tronquer ainsi. » Voltaire

 Imitations par Corneille de la tragédie espagnole

Les principales idées dramatiques appartiennent à Guilhem de Castro, surtout celle de rendre Rodrigue et Chimène amoureux l’un de l’autre avant la querelle de leurs pères. Les points de comparaison, dans plusieurs des scènes principales, entre autres celle de la dispute, puis celle de don Diègue et de Rodrigue, seraient assez nombreux, et beaucoup de pensées de l’auteur espagnol se retrouvent dans Corneille ; cependant le nombre des vers imités ou traduits ne s’élève guère qu’à 250 environ, et de la forme étroite du mètre espagnol.

Plusieurs critiques, même assez renommés, ont écrit que le Cid de Corneille n’était qu’une traduction d’une tragédie espagnole du poète Diamante : Voltaire, le premier, signala cette imitation servile, dans un article de journal publié en 1764 ; il eut soin d’ajouter que la pièce de Diamante était si rare, qu’il n’en existait que trois exemplaires dans toute l’Espagne.

Voltaire avait le malheur d’être un peu jaloux de Corneille, et cette découverte du Cid de Diamante en est une preuve ; car, au lieu d’avoir servi d’original et de modèle au Cid français, elle n’en est qu’une traduction. Voltaire ne pouvait pas l’ignorer. Son erreur, très peu involontaire, a fait son chemin, comme nous l’avons dit.

Nous avons cru devoir signaler ce fait, parce que Voltaire l’a encore reproduit, dix ans après, dans une nouvelle édition revue et augmentée, de son Commentaire sur Corneille ; parce que les éditeurs de ses œuvres ont recueilli, dans les volumes de Mélanges, cette espèce de dissertation d’une loyauté si suspecte ; enfin parce que dans un Trésor du théâtre espagnol, publié à Paris, on a imprimé la pièce de Diamante, en paraissant la donner comme l’original du Cid de Corneille.

lunes, 29 de febrero de 2016

L´illusion comique

L’illusion comique est une comédie de Corneille qui a été rédigée au début de sa carrière. Cette pièce est à la rencontre de plusieurs genres théâtraux puisque Corneille l’annonce lui-même dans le prologue : « Le premier acte n’est qu’un prologue, les trois suivants font une comédie imparfaite, le dernier est une tragédie, et tout cela cousu ensemble fait une comédie ». En réalité, cette pièce relève plus de la tragi-comédie et elle pose la question fondamentale du théâtre : le théâtre est-il illusion ?

                                                            Résumé

Primant est très inquiet car il n'a aucune nouvelles de son fils Clindor depuis plus de 10 ans. Son ami Dorante lui conseille d'aller consulter Alcandre, un grand magicien. Ce dernier, dans sa grotte, va lui retracer tous les périples de son fils en ouvrant un immense rideau qui donne accès à une scène.
Primant découvre alors que Clindor, qui a fui depuis longtemps la sévérité de son père, est le suivant d'un capitan, fanfaron et lâche, amoureux d'Isabelle. Ce que le capitan Matamore ignore, c'est que Clindor et Isabelle sont amants. Priment est spectateur des aventures amoureuses de son fils qui font de celui-ci un meurtrier puis un condamné à mort emprisonné, jusqu'à ce que Isabelle et sa suivante Lise le sortent de sa cellule avec la complicité du geôlier.
Alcandre lui montre alors la vie actuelle de son fils devenu grand seigneur et qui trompe sa femme avec l'épouse du roi. Mais leur amour coupable est découvert et le mari jaloux fait poignarder Clindor.
Primant, au bord du désespoir, découvre alors que tous ces personnages se relèvent et partagent l'argent gagné pendant la représentation. En fait, Clindor est comédien et a joué devant son père une tragédie. Tout heureux, Pridamant s'appête à "voler" vers Paris pour y retrouver son fils.




Pour analyser l'oeuvre complète, visite le site ....http://www.bacdefrancais.net/illusion.php

Horace



Présentée pour la première fois en 1640 au théâtre du Marais, Horace est la deuxième tragédie de Corneille.
Résumé : Horace de Corneille (1640)
Au moment où commence la tragédie, nous sommes introduits dans la famille d’Horace, vieux chevalier romain, père de trois fils, dont l’un a épousé Sabine, sœur de Curiace, patricien d’Albe. Un nouveau mariage doit rapprocher encore les familles romaine et albaine : Curiace est fiancé à Camille, fille du vieil Horace. Mais Albe et Rome sont en guerre, et cet événement retarde l’union projetée. Cependant Curiace vient annoncer à sa fiancée que les chefs d’Albe et de Rome, sur le point de livrer une bataille qui devait être décisive, ayant horreur du sang qui allait être versé, ont résolu de finir cette guerre par un combat de trois contre trois. Camille reçoit avec transport une si heureuse nouvelle. Les trois Horaces sont choisis par Rome pour défendre ses destins. Curiace félicite l’aîné des trois de cet honneur, en se plaignant néanmoins de ce qu’il faut que ses beaux-frères périssent, ou qu’Albe, sa patrie, devienne sujette de Rome. Presque au même instant on lui vient annoncer qu’Albe l’a choisi, lui Curiace, avec deux de ses frères, pour être ses combattants. Sa douleur est au comble. Sabine et Camille se montrent aussi plus alarmées que jamais. Horace et Curiace s’arrachent d’auprès d’elles et partent pour le combat.
Les deux armées, en les voyant paraître, s’émeuvent à l’idée que des personnes si proches vont combattre ensemble, et un sacrifice est fait pour consulter la volonté des dieux. L’espérance renaît dans le cœur de Sabine, tandis que Camille n’augure rien de bon. En effet, le vieil Horace vient leur apprendre que les combattants sont aux mains. Peu d’instants après, la nouvelle se répand que deux Horaces sont tués, que le troisième est en fuite, et que les trois Curiaces sont demeurés maîtres du champ de bataille. Camille pleure ses deux frères, mais ressent une secrète joie de la victoire de son amant. Sabine, qui ne perd ni ses frères ni son mari, apprend cette nouvelle avec un esprit plus calme. Mais l’épouvante la saisit aussi quand elle entend les menaces que le père des Horaces profère contre son fils : ce vieillard, uniquement touché des intérêts de Rome qui va devenir sujette d’Albe, jure qu’avant la fin du jour il aura lavé dans le sang de son fils la honte des Romains.
Sur ces entrefaites, un envoyé de Tulle, roi de Rome, vient annoncer au vieil Horace la victoire de son fils, dont la fuite n’était qu’un stratagème pour vaincre les trois Curiaces, qu’il a exterminés l’un après l’autre. À peine cette dernière victoire est-elle connue, que le vainqueur arrive avec les trophées de sa triple victoire. Camille, qui ne voit dans le triomphe de son frère que la perte de son fiancé, tombe dans une affreuse douleur, éclate en cris d’indignation contre Rome et maudit la victoire d’Horace. Ce dernier entre en fureur contre celle qui ose pleurer le triomphe de sa patrie, et, oubliant que Camille est sa sœur, il tire son épée et la lui plonge dans le sein. Horace ne tarde pas à se repentir de ce meurtre : il en a honte et prie son père de l’en punir.
Cependant Valère, chevalier romain, amant de Camille, vient demander au roi Tulle justice du crime dont Horace s’est rendu coupable. Le roi, après avoir entendu l’accusation, ordonne au coupable de se défendre. Horace répond que toute défense est inutile, que son crime est avéré, et qu’il est prêt à mourir. Alors le vieil Horace plaide la cause de son fils d’une manière si éloquente que le roi Tulle pardonne au vainqueur des Curiaces, en déclarant que les lois doivent se taire devant l’immense service que ce généreux Romain vient de rendre à la patrie.


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